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La Dame aux Camélias
d’Alexandre Dumas


Ma Dame aux Camélias

Quelques motifs et intentions : notes pour une mise en scène.

Marguerite Gautier, courtisane à l'âme noble, meurt, rachetée par l'amour, m'apparaît comme une petite soeur lointaine de Sonia Semionovna, l'héroïne de Crime et Châtiment, ou, mieux encore, de Marie de Magdala. Le drame de Dumas fils ne s'achève-t-il pas d'ailleurs sur une parole évangélique: "Dors en paix : il te sera beaucoup pardonné, parce que tu as beaucoup aimé."

Marguerite Gautier, personnage romanesque, puis théâtral, est rapidement devenue Violetta Valery dans La Traviata de Verdi. Une référence musicale impossible à ignorer. Prologue et prélude d'une illustration sonore.

Marguerite Gautier est une héroïne tragique, au sens le plus antique : sa mort est un sacrifice volontaire, exigé par la loi sociale incarnée par le père d'Armand. Destin, fatal destin. Drame d'un amour brisé, intemporel, universel. Une histoire touchante et profonde d'humanité. Destin toujours, la maladie fatale qui ronge la poitrine, phtisie ou nénuphar grandi dans le poumon. L'amour d'Armand, celui qui sauve et qui protège, n'y pourra rien. Le bonheur fuit toujours, on le sait, on le pressent, et cela exige de vivre avec une épuisante intensité.

"L'essentiel est d'aimer et d'être aimé en retour". Marguerite Gautier, plus proche de nous, donne naissance à la Satine de Moulin Rouge. Ici, la courtisane cesse d'être un simple objet de plaisir pour les fêtards noctambules ou une idole des enfants de la bohème. Certes, elle mène la revue, mais en rêvant d'une autre scène où la croqueuse de diamants se changerait en actrice au talent reconnu. Une métamorphose qui m'inspire, m'invite à relire le drame. De là viennent aussi d'autres mélodies : "The show must go on".

Marguerite Gautier, une vedette en devenir, fragile, manipulée, rêvant de gloire et obligée de céder à bien des compromis pour y atteindre. Nolwenn ou Éodie? Qui sait... Une ombre furtive de la Star Ac' glisse sur le rideau. Il n'en restera que l'allusion discrète à la cravate d'Avril Lavigne.

Non, Marguerite Gautier ne peut plus être qu'une courtisane. Une star naissante, lancée à la conquête des foules, ivre de succès, harassée, convoitée. L'intrigue supportera-t-elle cette métamorphose et les anachronismes qui en découlent désormais? Un risque à courir.

Donc Marguerite chantera. Non pas les airs de Verdi, car le chant lyrique ne s'apprend pas en quelques mois, même si les auditions ont révélé bien des talents. Moulin Rouge a ouvert le chemin : écoutées jusqu'à saturation, les mélodies de Queen, groupe mythique du rock opéra, vont lentement s'imposer. D'autant que les paroles semblent écrites pour la circonstance. "Too much love will kill you, Save me, Don't stop me now, No-one but you..." : l'amour blesse, tue, sauve, mais le spectacle continue : "My make-up may be flaking, but my smile still stays on."

Reste à créer l'espace, le décor. Il faudrait qu'il conserve une trace de la volupté que le texte a perdu peu à peu, qu'il en suggère la métaphore. Aux arabesques sensuelles de l'Art Nouveau, à ses matériaux précieux, aux couleurs chaudes de ses motifs décoratifs de créer cet écrin.

Voilà quelques images qui vont guider en filigrane la construction de ce spectacle, se superposer au texte d'Alexandre Dumas, y réveiller quelques échos.

Jean-Claude Georges