Malgré son titre, il ne s'agit en aucune manière d'un opéra ou même d'une comédie musicale mais bien d'une pièce de théâtre qui alterne textes et chansons.

Créée en 1928, sous la République de Weimar, cette oeuvre est fortement inspirée de "L'Opéra des gueux" de John Gay (1685-1732). Poussé par le souci de dénoncer avec véhémence le capitalisme veule du régime politique en place à l'époque et voyant poindre le social-nationalisme (accession d'Hitler au pouvoir en 1933), Bertolt Brecht se jette à corps perdu dans l'écriture d'un de ses plus grands chefs d'oeuvre avec l'aide complice de Kurt Weill qui composera une musique que l'on peut aisément qualifiée de géniale. Certains morceaux, dont le célébrissime "Ballad of Mack the Knife", chantés par les plus grands et les plus grandes, sont devenus des standards du jazz. Beaucoup de gens ignorent d'ailleurs que ces morceaux sont extraits de "L'Opéra de quat'sous".

L'action se déroule à Soho, un quartier de Londres. Un Londres mythique rappelant celui
d' Oliver Twist, d'où le parti pris de chanter les chansons en anglais. Sur scène, toutes les turpitudes de l'âme humaine seront étalées: stupre, lucre, trahison, mensonge, corruption, cupidité mais Bertolt Brecht ne fait-il pas dire à ses acteurs "ventre affamé n'a que faire de la morale de la classe possédante!"?

Exprimant le souci de réveiller l'opinion publique et de secouer le bon bourgeois, Bertolt Brecht s'en prend au medium théâtral lui-même en cassant le "quatrième" mur, celui qui sépare la scène du public: le public n'est plus spectateur mais acteur, les acteurs eux-mêmes montrent à l'envi qu'ils ne sont que des comédiens et que le théâtre n'est pas la "vraie" vie. Appelée "théâtre épique" ou "théâtre de la distanciation"(Verfremdungseffekt), cette approche doit susciter chez le spectateur non une simple identification aux personnages mais provoquer une réflexion sur la problématique abordée.

Ce spectacle unique, qui inspira des oeuvres telles que "Cabaret" ou même "Chigago", voire "Orange mécanique"par la suite, fait appel à toutes les qualités de nos jeunes élèves. En effet, non seulement ils devront jouer mais aussi chanter et danser!

Ils seront accompagnés d'un orchestre d'une bonne dizaine de musiciens dont la direction musicale a été confiée à Philippe Lambert et à Alain Baents sans oublier toute l' équipe technique: son, décor, maquillage, costumes, coulisses, etc.

Bref, un nouveau défi qu'un groupe d'élèves, de professeurs et de parents sont prêts à relever comme chaque année.

Patrick Hauwaert

Dates des représentations

• Vendredi 29 et samedi 30 janvier 2010 à 20.00 heures